un demi-siècle

J'ai commencé l'étude de la danse libre auprès de François Malkovsky en juillet 1958. Déjà plus d'un demi siècle ! Puisse ce site contribuer à la fidèle transmission d'un art de vivre autant que de danser, acquis et mûri dans la fidélité à l'esprit et à la lettre de Malkovsky.

Suzanne Bodak

François MALKOVSKY (1889-1982)

Né en Tchécoslovaquie en 1889, François Malkovsky a passé sa jeunesse dans les Carpates. Son observation, son analyse instinctive des mouvements de la nature et des animaux lui permettent de définir les principes fondateurs de sa danse. Après des études de chant à Prague, il découvre Paris en 1912. Sa rencontre avec Raymond et Isadora Duncan est essentielle dans sa recherche d’un art du mouvement. Dans l’effervescence artistique d’après 1918, il prend parti pour la grande danseuse libre Isadora Duncan. De 1920 à 1948, Malkovsky dansera sur les scènes parisiennes. Il transmettra son art en enseignant un mouvement naturel basé sur le rythme universel du balancier jusqu’à l’âge de 93 ans. Il décède en 1982.

Transmission orale et écrite

En 1922, Malkovsky a chorégraphié le 9e prélude de Chopin. Influencé par la mer à Saint-Jean-de-Monts, par les plages vendéennes, le prélude de Chopin est devenu horizon, vagues, flux et reflux, tempête.

Les sources qui en témoignent sont multiples. Il y a le premier programme, datant de novembre 1922 au salon des Indépendants à Paris ; les photos des Sculpteurs Martel, des croquis de Hodges (1948)...

L'apprentissage, l'imprégnation du solo, l'enseignement comme transmission orale, me permettent aujourd'hui de confier la danse à des notatrices pour la faire noter. Et à des photographes et vidéastes pour fixer en images le détail des attitudes dansées.

Enjeux de la notation chorégraphique

Le notateur a transcrit la danse en signes. La danse est devenue partition ; la danse est sur papier, enfermée dans des signes.
Pour redonner vie à la danse, il faut plonger dans la partition, la lire, retrouver les chemins qui se dégagent des signes. La danse se laisse entrevoir, il faut bouger, lâcher la partition, trajets d'aller-retour entre le mouvement et les signes. Puis le signe devient danse, le danseur y trouve des échappées, il interprète.

John Hodges dessine

De 1948 à 1950, le dessinateur britannique John Hodges a fréquenté le studio de danse de François Malkovsky, 41 boulevard Berthier à Paris, pour y croquer les mouvements de la Danse libre. Hodges s'est attaché à en saisir les lignes et les dynamiques dans un style très épuré, laissant ainsi de précieuses informations sur l'esthétique de la gestuelle selon "Malko", à une période où aucun enregistrement filmé n'avait encore été réalisé.

[Illustration : fac similé d'un dessin de John Hodges par Suzanne Bodak, Paris 1960]

Adeptes du naturisme

François Malkovsky, engagé dans la Légion étrangère pour combattre aux côtés des Français contre l'envahisseur prussien, rentre épouvanté par les atrocités de la guerre. Il refusera toute sa vie d'en parler. C'est avec une soif éperdue de douceur et de simplicité qu'il épouse dès l'origine de ce mouvement les idéaux du naturisme. Ici, une de ses élèves, Kham, en 1921, sur le littoral vendéen.